Rencontre avec Mélanie du blog Lily Fairly
Mélanie est l’autrice du blog Une Vie Sans Gachis qui s’est récemment transformé en Lily Fairly.
Elle y partage son expérience de vie, avec comme démarche principale d’être plus soucieuse et attentive à notre environnement. Ce sujet étant plus que jamais crucial dans notre vie quotidienne, nous avons décidé d’aller lui poser quelques questions.
Dans quel contexte t’est venue l’idée de réduire tes déchets et par conséquent de viser à limiter ton impact environnemental ? Te souviens-tu de l’élément déclencheur ?
Lors d’un déménagement il y a 4 ans, ma mère est partie d’une maison familiale de 90m2 à une petite maison suffisante pour elle dans le sud de la France.
Nous avons dû faire beaucoup de tri car nous avions 2 greniers et un garage remplis de cartons entassés depuis 25 ans.
Et là, l’horreur. On s’est rendu compte qu’on avait tout gardé. Des centaines de jouets McDo aux cours jamais relus en passant par les jouets d’enfance qui ne nous étaient plus utiles et certains dont nous n’avions même pas le souvenir d’avoir joué avec mon frère.
Nous avons donc décidé de mettre au recyclage ce qui pouvait y aller, faire don de nos jouets et peluches (en gardant tout de même ceux pour lesquels nous avions de bons souvenirs), proposer les meubles et objets déco sur un site de don en ligne etc.
Une fois rentrée chez moi, je me suis rendue compte que j’étais en train de reproduire la même chose dans mon tout petit studio, alors j’ai décidé d’agir.

Nous imaginons qu’un tel cheminement prend du temps. Par quelles étapes es-tu passée ?
Pour arriver à un minimalisme (presque) parfait, c’est-à-dire ne posséder que des choses qui me sont utiles et que j’aime réellement, il m’aura fallu 6 bons mois. Car il vaut mieux ne pas vouloir tout virer d’un seul coup.
Il faut procéder pièce par pièce et ne pas prendre de décision trop rapide si on n’est pas sûr. Pour ma part, j’ai procédé en me posant cette question: “Est-ce que cet objet me rend heureuse ou m’est-il utile?” Si la réponse est oui, je garde. Si la réponse est non, mais que j’ai un petit doute, je le pose dans un carton en attendant de voir si dans les 3 mois qui suivent, je le sors pour m’en servir ou pas et enfin si c’est un non catégorique, je le mets dans un autre carton destiné pour le don ou la vente d’occasion.
Petite astuce pour les vêtements, si vous avez une penderie, retournez vos cintres dos au mur et vous verrez rapidement quels vêtements vous portez et quels vêtements vous ne portez pas. Tout ce cheminement permet de se rendre compte à quel point nous sommes déconnectés de la réalité et surtout à quel point nous n’avons pas besoin d’autant d’objets dans nos vies.
Cela pousse donc à bien réfléchir lors de ses prochains achats afin de ne pas reproduire la même erreur. L’achat compulsif est un fléau pour l’environnement, mais nous pouvons tous changer la donne en agissant au quotidien.


On découvre à travers ton blog et tes divers réseaux sociaux ta passion pour la botanique, rien que le nom “sempervivum” qui était le titre de ton blog avant sa mutation en Lily Fairly (qui est un genre de plante type succulente) est assez significatif. Qu’est-ce qui te charme le plus dans cet univers ?
Oui le Sempervivum (Joubarde de son nom vernaculaire) est une succulente qui pousse sur tous les murs du village de ma maman. Elles ont une grande capacité d’adaptation. Capables de vivre avec peu de terre, peu d’eau et résistant aux grandes chaleurs ainsi qu’aux températures négatives en hiver.
C’était donc un bon reflet de mon blog qui prône la simplicité volontaire via le zéro déchet et le minimalisme. Malheureusement j’étais souvent recensée par des pépiniéristes et Sempervivum est également une marque française de vêtements éco-conçus. Alors j’ai décidé de tourner la page! Ce que j’aime le plus dans la botanique, ce sont déjà les histoires des grands explorateurs qui ont parcouru le monde, parfois au péril de leurs vies pour découvrir les nombreuses espèces de plantes qu’abritent notre planète.
D’ailleurs, pour la petite histoire, le thé (Camellia sinensis sous son nom latin) a été rapporté de la Chine vers les Indes par un botaniste britannique nommé Robert Fortune pour mettre fin au monopole chinois de la production et commercialisation de thé au milieu du XIX siècle. Afin de ne pas se faire prendre par les autorités du pays, durant son voyage, il avait eu l’idée de se déguiser en riche marchand chinois! Malin!
Pour en revenir à ce qui me charme le plus dans l’univers de la botanique, c’est que, comme pour le Sempervivum, j’adore découvrir toutes les techniques d’adaptation des plantes en fonction du milieu dans lequel elles poussent. Elles sont assez variées et très impressionnantes parfois! Saviez-vous que même dans le désert le plus aride, on trouve tout de même des plantes? J’avoue aussi beaucoup m’intéresser aux plantes médicinales pour soigner les petits maux du quotidien.

Que fais-tu dans la vie en parallèle de ton blog ?
J’ai été fleuriste durant 8 ans et depuis bientôt un an, je suis jardinière.
J’adore ce métier bien qu’il soit parfois assez physique. Je me sens vraiment utile avec ce métier et le fait de pouvoir voir grandir les sujets que je plante et m’émerveiller devant la moindre fleur qui pointe le bout de son nez ou m’arrêter et observer un petit oiseau grignoter quelques insectes après le passage de ma bêche lorsque je prépare un massif c’est vraiment magique.
Nous sommes dans une société qui vit à 100 à l’heure et ce métier me permet de vivre à Paris tout en prenant mon temps, chose qui n’est pas donnée à tout le monde en ville.
Nous t’avouons que tu as contribué à faire évoluer notre regard sur notre consommation grâce à tes qualités pédagogiques. C’est aussi naturellement que nous nous sommes tournés vers le vrac avec Sinensem.
Cela me touche profondément et je suis ravie que vous ayez choisi cette option en plus du parti pris des thés et infusions sans pesticides ni engrais chimiques.
Car le thé, ça n’est pas comme les fruits et légumes que nous pouvons à la limite laver pour enlever les résidus de traitements chimiques. Quand il n’est pas bio, il est traité et séché sans même avoir été rincé. On se fait donc de vrais cocktails toxiques avec des thés conventionnels… Bravo à vous!
Es-tu une grande buveuse de thé ? Et si oui qu’elles sont tes préférences ?
Nous sommes de grandes amoureuses du thé avec ma mère. On a chacune une petite collection que l’on adore partager l’une avec l’autre quand on s’invite. L’heure du thé est assez précieuse, c’est notre petit rituel. Et vous nous entendrez toujours après avoir fini la théière “On se refait du thé?”! Pour ma part, j’adore les thés noirs aromatisés aux fleurs ou bien aux agrumes. J’aime aussi tout particulièrement les rooibos ou infusions avec un peu de pomme dedans. Mais à vrai dire je les aime presque tous!

Qu’est-ce que le thé t’évoque ? As-tu des souvenirs liés à cette boisson ?
Le thé m’évoque le partage et le rassemblement.
Quand nous étions plus jeunes et que nous passions nos week-ends à la campagne en compagnie des amis de mes parents, tout le monde vaquait à ses occupations. Les enfants allaient explorer le jardin ou se construisaient des tentes dans le grenier et les adultes lisaient ou jardinaient chacun dans leur coin ou en duo.
L’heure du thé c’était donc le moment où tout le monde se retrouvait (en dehors des repas). Les services à thé étaient tous aussi beaux les uns que les autres. Tantôt sublimés de jolies illustrations botaniques, tantôt on buvait dans des tasses japonaises. C’était un véritable voyage!
Qu’attends tu d’une marque en 2018, d’un point de vue environnementale ?
J’aimerai que les marques réfléchissent à l’impact environnemental de chacun de leur choix. Lancer un produit sans réfléchir aux conséquences que cela peut avoir sur l’humain et sur la planète n’est plus possible.
Il y a encore 50 ans on pouvait ignorer les faits. Mais nous sommes en 2018 et personne ne peut fermer les yeux sur les défis que nous allons devoir affronter si nous n’agissons pas maintenant. Les cancers dans les villages entourés de champs ont explosé, l’eau est devenue impropre à la consommation autour des usines en Asie, certains pays africains sont submergés par les tonnes de vêtements que nous ne voulons plus; envoyés chez eux tout ça parce qu’on ne sait pas les recycler.
Une bonne marque en 2018 est une marque qui pour moi fonctionne en économie circulaire et c’est étonnant de voir que de petites marques sont capables de le faire alors que les grandes marques ne le font pas.
Selon toi, quels sont les gestes simples du quotidien, que tout le monde peut mettre en place, et qui nous permettrait tous d’entrer dans une démarche de réduction des déchets ?
Voici une petite liste de choses que vous allez pouvoir mettre en place facilement pour réduire vos déchets:
1.Dîtes non aux sacs à usage unique
Gardez toujours un sac en toile avec vous au cas où vous auriez besoin de faire du shopping ou quelques courses de dernière minute.
Bien que les sacs plastiques soient interdits en France, on en trouve toujours dans certains commerces ou parfois ils sont en matière végétale comme les déchets de maïs ou bien en papier.
Si ça paraît plus écolo, en réalité cela demande des ressources précieuses pour les produire alors autant les éviter. D’autant plus que les sacs en toiles sont tellement plus jolis!
2.Passez aux cosmétiques solides
Aujourd’hui, on trouve facilement du savon sans emballages. En plus d’être économiques, ils limitent la propagation de bactéries que l’on trouve plus facilement dans les versions liquides (beurk!).
Du savon au shampoing, en passant par le baume hydratant pour le corps, certaines marques françaises se sont lancées le défi de vendre des cosmétiques bons pour la santé et pour l’environnement tout en continuant à prendre soin de nous!
3.Emportez votre mug réutilisable au bureau
Tout le monde aime passer prendre un café ou un chai latte avant d’aller bosser ou bien après la pause déjeuner. Alors la prochaine fois, pensez à emporter votre propre mug.
Vous éviterez l’utilisation d’un contenant qui ne sera utile que 5 minutes mais qui mettra plusieurs centaines d’années à se décomposer!

4.Dîtes non aux pailles!
Les pailles en plastique, on nous en donne à chaque fois que l’on commande une boisson dans un café ou dans un bar alors qu’au final, notre bouche fonctionne très bien toute seule!
Les pailles font partie des déchets que l’on retrouve le plus dans l’océan et c’est un véritable danger pour la vie marine.
Alors la prochaine fois que vous sortez, demandez votre boisson « sans paille”!
5.Faites vos courses en vrac.
Si vous en avez la possibilité, faites vos achats en vrac, c’est-à-dire à la pesée.
Si les fruits et légumes sont en vrac dans toutes les enseignes de supermarché, vous pouvez également trouver des magasins qui proposent aussi céréales, légumineuses, fruits secs, farines, sucres etc. en vrac.
Cela permet d’acheter en fonction de ses besoin. Et si vous n’avez pas accès à ce type de structure, évitez les aliments emballés individuellement et favorisez les emballages recyclables. Le verre étant la matière la plus facile à recycler suivi par le carton.
Vous pouvez retrouver Mélanie sur Instagram et sur son blog, Lily Fairly.